Chronique d’un désespoir annoncé
A SUD, nous n’avons pas l’habitude d’évoquer des cas particuliers. Cependant, lorsque ces situations individuelles se multiplient par le seul fait d’un responsable malfaisant, nous ne pouvons rester muets.
Juliette (prénom d’emprunt) est une petite fille de 2 ans. Il y a 2 mois, elle est confiée à une famille d’accueil. Au bout d’un mois, son assistante familiale, face à des problèmes médicaux, doit demander sa réorientation. Une de ses collègues, qui accueille la grande sœur de Juliette, se propose de l’accueillir, d’autant que les 2 assistantes familiales se connaissent et ont des contacts avec les enfants.
Le référent y est très favorable, les parents également. Tout pourrait s’arrêter là et bien se passer, si le responsable du SAF (RSAF) ne venait mettre son veto.
Pour quelle raison ? Parce que ce n’est pas SA décision et qu’il lui est insupportable de ne pas tout contrôler. Bien sûr, la raison invoquée par le RSAF est que l’assistante familiale en relais est agréée pour 3 et accueille déjà 3 enfants.
Bonne raison, nous direz-vous, il faut préserver les assistants familiaux et ne pas les mettre en difficulté par des accueils trop nombreux. Mais, celle-ci au vu de son expérience et des problématiques des enfants accueillis, s’est proposée en toute connaissance de cause et se sent capable de prendre en charge Juliette.
Pourtant, ces dernières semaines, nombre d’assistants familiaux n’ayant plus de place disponible et certains déjà en dépassement de capacité d’accueil ont été contactés, parfois par ce RSAF en personne, pour accueillir des enfants supplémentaires. Pourquoi ? N’y avait-il pas de place ailleurs ? Bien sûr que si !
Quelques jours plus tard, l’état de santé de son ass-fam s’étant fortement dégradé, Juliette doit quitter la famille d’accueil en urgence et intègre la famille d’accueil relais qui demande officiellement une DPCA (dépassement provisoire des capacités d’accueil).
Juliette retrouve sa grande sœur avec joie, dans une famille qu’elle connaît déjà. L’histoire aurait pu s’arrêter ici ; ce serait logique et dans l’intérêt le plus strict de l’enfant. Mais non, c’est méconnaître le RSAF et sa toute puissance qui trouve inadmissible qu’on lui force la main et ordonne qu’une date soit fixée pour un changement de famille d’accueil.
Le papa se mobilise pour que ses deux filles restent ensemble chez l’assistante familiale relais … en vain !
Alors que le référent s’est positionné pour le regroupement de fratrie, alors que le RTASE n’avait pas pris sa décision, le RSAF, seul, a décidé de réorienter Juliette dans une famille d’accueil inconnue.
Le RSAF démontre encore une fois l’arbitraire de ses décisions : dans une autre situation, il est demandé à une assistante familiale de prolonger un accueil relais (en DPCA à 4 enfants) depuis fin août, alors que le relais ne devait durer que 15 jours, et que la collègue tire la sonnette d’alarme depuis fin novembre……Et dans cette situation, comme dans celle évoquée, les conditions matérielles d’accueil sont les mêmes …
L’intérêt de l’enfant, si souvent invoqué, est ici bafoué. Pourquoi une personne, de surcroît non garante du projet de l’enfant, a-t-elle décidé, seule ? Et personne ne dit rien ?
Dans cette situation, toutes les personnes intervenant auprès de l’enfant s’accordent à dire que, dans son intérêt, Juliette devrait réintégrer la famille d’accueil où se trouve sa sœur. Un changement de positionnement est toujours possible avec une vision plus objective et plus humaine de la situation.
Cette publication n’a pas pour unique vocation de dénoncer cette seule situation, mais bien un dysfonctionnement plus général dans une DTPAS que même les cadres fuient, où le SAF connaît un turn over important, les collègues ne supportant pas les conditions de travail délétères, où les assistants familiaux vivent la peur au ventre d’une convocation et sont souvent livrés à eux-mêmes, les référents étant surchargés ou de passage.
Vous vous reconnaissez dans cette situation ? Vous souhaitez apporter votre contribution ? Contactez-nous (07.68.70.61.18) !
SUD, avec des collègues syndiqués et non syndiqués, rédige actuellement, si ce n’est un livre, un rapport qui met la lumière sur tout ce qui se passe, le dénonce, pour qu’enfin tout cela cesse !
Nos échanges sont confidentiels et en aucun cas votre hiérarchie n’a la liste des personnes que nous rencontrons.