Accueil familial : le Département ment !
A travers une action de communication d’envergure, le Conseil Départemental du Nord s’offre une publicité mensongère dans les journaux.
Ainsi, dans l’article de la Voix du Nord du 8 juillet 2019, il annonce « une vague assez massive de recrutements » de 200 assistants familiaux, comme s’il s’agissait d’une action volontariste pour améliorer les conditions d’accueil des nombreux enfants confiés à l’Aide Social à l’Enfance.
Pour cela, tous les moyens semblent bon ! Y compris la falsification de la réalité concernant la rémunération de cette profession, composée à 98% de femmes, qui exercent un métier très compliqué impliquant l’ensemble de leur famille 7 j/7, 24h/24 avec un contrat précaire qui ne relève ni du statut de la Fonction Publique, ni du Code du travail et qui peut être interrompu à tout moment.
M. Yves DUSART, vice-président chargé de l’enfance et de la famille affirme : « Un assistant familial peut prétendre s’il accompagne un enfant à un salaire minimum de 2300€/mois plus des fonds supplémentaires pour la gestion du quotidien (…) Le Nord est un Département qui rémunère le mieux »
MENSONGE ! Le Département du Nord est l’un des Département qui rémunère le plus mal les assistantes familiales.
Il applique le strict salaire minimum fixé par le Code de l’Action Sociale et des Familles qui fixe, le salaire pour l’accueil d’un enfant à 120 fois le taux horaire du SMIC, soit 1203,60€ brut/mois… 926,40€ net/ mois.
Le Département rémunère donc les assistantes familiales accueillant un enfant 317€brut/mois de moins que le SMIC (pour 35h de travail par semaine) !
Pour être complet, une assistante familiale qui accueille 2 enfants percevra juste le SMIC mensuel (basé sur 35h de travail/semaine).
D’autre part, Y. DUSART affirme que l’assistant familial perçoit « des fonds supplémentaires ». L’assistante familiale ne perçoit qu’une allocation d’entretien dont le montant est fixé en fonction de l’âge de l’enfant et qui n’est destiné qu’à la prise en charge quotidienne de ce dernier. Il ne s’agit donc pas de salaire.
Par contre, Y. DUSART ne dit pas que les assistantes familiales payent de leur poche la plupart des loisirs des enfants qui leurs sont confiés, notamment les séjours en colonies de vacances ou en centres aérés. Il ne dit pas non plus que ces professionnelles doivent prendre en charge les frais de déplacements pour les conduites d’enfants aux différentes consultations médicales ou autres.
Il oublie également d’informer les futures candidates dans les réunions à Pole Emploi qu’il est particulièrement compliqué de faire valoir son droit au congé compte tenu de la subordination de celui-ci à l’ « intérêt supérieur de l’enfant » et surtout au manque de solution de relais dans la prise en charge des enfants accueillis.
Le recrutement assez massif de 200 « assfam » comblera simplement pour moitié le déficit enregistré depuis 2015.
Il ne répond pas aux besoins criant de la protection de l’enfance dans le Nord aggravé par la suppression de 700 places en établissement éducatifs (foyers) depuis 2015.
Enfin, M. DUSART laisse entendre que les assistants familiaux « ne sont pas laissés seuls et que les référents de l’Aide Sociale à l’Enfance (les travailleurs sociaux du Département) les accompagnent ».
C’est oublier bien vite que pour ces professionnels aussi, la pénurie est criante et insupportable.
Si le mouvement de grève de l’automne et hiver 2018 a permis de mettre un coup d’arrêt aux suppressions massives de postes et de moyens, pour autant la situation dégradée n’a pas été comblée.
Les travailleurs sociaux sont donc en grande difficultés pour accompagner au mieux leurs collègues assistantes familiales qui sont, pour la plupart du temps, laissées seules par l’institution face aux difficultés des enfants que le département leur confie.