Pour sauver leur peau, les travailleuses sociales de l’ASE d’Anzin se retirent totalement de leurs missions
Fait exceptionnel : une équipe enfance exerce son droit de retrait depuis hier, lundi 14 septembre.
Cette équipe est celle de l’UTPAS d’Anzin.
En désespoir de cause et totalement à bout, après avoir interpellé l’administration et l’exécutif depuis l’hiver 2018 et même exercé un « droit de retrait partiel » pour tenter de limiter l’impact de la surcharge de travail sur leur santé, nos collègues doivent maintenant, pour sauver leur peau, se retirer totalement de leurs missions.
Petit rappel des faits :
L’équipe enfance d’Anzin, engagée dans la mobilisation des travailleurs sociaux et médico-sociaux à l’automne et hiver 2018 avait, comme 18 autres équipes transmis un état de lieux de leur situation.
A l’époque, le DGS s’était engagé à faire des réponses concrètes à chacune d’entre elles. En tout cas… à Anzin … elles n’ont rien vu venir !
Le 30 juillet 2019, elles formulent une nouvelle alerte écrite
… pas de réponse !
Le 18 décembre 2019, elles effectuent une déclaration de danger grave et imminent. La procédure prévue par les textes réglementaires s’engage un mois après et les représentantEs SUD au CHSCT accompagnent l’équipe à l’enquête menée par l’autorité territoriale.
La situation décrite par nos collègues devant les responsables de l’administration est alarmante ! D’ailleurs, la Direction Territoriale reconnait verbalement « une situation de danger » et la DGaSol « une situation structurelle d’épuisement professionnel ».
Super ! On aurait donc pu croire que les choses allaient enfin bouger !!
Les représentantEs SUD remettent à l’administration leur rapport d’enquête CHSCT – voir ICI –
Par contre, contrairement à la procédure, l’autorité territoriale, elle, ne rend aucun rapport !!
Il faut attendre le 3 mars pour que la DT de Valenciennes revienne vers les collègues et, à l’oral, annonce quelques mesurettes très à distance des préoccupations immédiates des collègues… et surtout rien susceptible de soulager leur surcharge de travail !
Compte tenu du non-respect du décret sur le droit de retrait par l’autorité territoriale, de l’indigence des réponses apportées au danger grave et imminent de l’équipe enfance d’Anzin, les représentantEs SUD au CHSCT manifestent leur désaccord et interpellent directement le DGS, lui demandant de reprendre la main tout en formulant deux propositions concrètes – voir courrier ICI – :
- Le recrutement d’un éduc de jeunes enfants pour encadrer, accompagner, les 149 visites médiatisées mensuelles que l’équipe doit prendre en charge et qui embolisent complètement leur temps de travail
- Recréer le 9ème poste supprimé il y a 4 ans alors que la charge de travail était la même.
… pas de réponse
Le 16 juillet, nous relançons M. HUS marquant notre inquiétude grandissante face à la dégradation manifeste de l’état de santé de nos collègues.
… pas de réponse
Le 21 juillet, cette fois, c’est l’exécutif que nous interpellons
… pas de réponse
Les collègues de l’équipe enfance glissent irrémédiablement vers l’épuisement total
Le 21 août, 8 mois après l’enquête CHSCT, le DRH envoie à chacune d’elles un courrier reprenant les propositions formulées verbalement le 3 mars sans en changer un iota et ce malgré nos retours.
Le 26 août, nous demandons expressément l’intervention du vice président chargé des RH, président du CHSCT, pour faire cesser le danger encouru par nos collègues
… pas de réponse !!!
Ah si ! les collègues apprennent au détour d’une discussion qu’un poste d’éduc jeunes enfants serait en cours de recrutement pour un mi-temps au sein de l’équipe.
A SUD, nous sommes témoins depuis plusieurs mois de l’effondrement progressif de ces collègues.
Elles sont pourtant des professionnelles aguerries, engagées et même impliquées auprès des familles et des enfants bien au-delà de ce qu’imagine l’institution.
Depuis des mois, elles ne tiennent que par la solidarité qui les unit et par l’attention et le soin qu’elles s’accordent les unes aux autres.
Mais elles s’obligent aussi à tenir par la conscience aiguë de la responsabilité qui leur incombe vis-à-vis des familles… jusqu’à s’en oublier elles-mêmes !
Sauf qu’à un moment donné, il n’y a plus de choix, il faut sauver sa peau… car les conséquences de l’effondrement physique et psychique peuvent être irréversibles !