Protection de l’Enfance dans le Nord : Nos pièces à conviction
[Communiqué] Ce mercredi 27 janvier, sur France 3 dans l’émission Pièces à Convictions, le documentaire et les échanges qui ont succédé ont permis, une nouvelle fois, de braquer le projecteur sur l’état catastrophique de la protection de l’enfance et la manière dont nos institutions traitent les enfants.
A travers l’exemple du Département des Hauts de Seine, le documentaire démontre que l’engagement dans ce secteur essentiel ne dépend que des choix assumés puisque, même là où il y a de l’argent… et même beaucoup (500 Millions € d’excédents chaque année), des politiques ignobles sont menées à l’encontre des populations jusqu’à laisser livrés à eux-mêmes des enfants dans des hôtels miteux sans aucun soutien ni accompagnement !
Il est démontré aussi, à travers l’exemple de la Gironde, que lorsque le voile est levé sur ce système indigne et insoutenable, d’autres choix politiques peuvent conduire à une amélioration rapide du quotidien et des conditions d’accueil éducatif de ces mêmes enfants (diminution des actes de violences de 70 à 80% en 2 ans).
L’état actuel de la prévention et la protection de l’enfance résulte donc bien de choix politiques et dogmatiques d’individus ayant mis la main sur les services publics départementaux tout en méprisant les populations auxquelles ils s’adressent.
C’est encore le cas malheureusement chez nous, dans le Nord.
Le témoignage porté hier dans l’émission par notre collègue, éducateur à l’Aide Sociale à l’Enfance sur l’arrondissement de Lille, illustre que, si les travailleurs sociaux et médico-sociaux et assistantes familiales du Département ne s’étaient pas fortement mobiliséEs fin 2018 pour mettre un coup d’arrêt à la destruction organisée de nos services, collectifs de travail et moyens de prévention et de protection de l’enfance, notre situation serait aujourd’hui similaire à celle des Hauts de Seine.
On a ainsi échappé au recours massif aux hôtels insalubres, à la disparition complète des psychologues dans les services, à la poursuite des suppressions de postes d’éducateurs, assistantes sociales…
Néanmoins la situation des enfants et des professionnelLEs qui les accompagnent dans le nord n’est pas plus brillante qu’il y a deux ans !
Les 700 places en foyers supprimées entre 2015 et 2018 n’ont pas été recrées et continuent à manquer cruellement : des mises en protection ordonnées par les juges pour enfants ne peuvent toujours pas être réalisées et les mineurEs sont réorientéEs en permanence faute de places et aussi de places adaptées. Conséquence : les ruptures de parcours, de liens d’attachements, ponctuent la vie de ces enfants parfois très petits.
Les pressions continuelles sont exercées sur les assistantes familiales pour qu’elles accueillent ces enfants dont les problématiques relèveraient d’interventions des équipes pluridisciplinaires des établissements. D’ailleurs, malgré une campagne de recrutement particulièrement offensive, le Département ne parvient pas à garder ses familles d’accueil. Rien que sur l’année 2019, les effectifs ont fondu de 10% !
Les plus de 300 postes supprimés de travailleurs sociaux et médico-sociaux dans les UTPAS sur la même période n’ont pas été recréés en totalité et n’ont été comblés que partiellement par des contrats précaires. Nos collègues vont très mal ! Les conflits de valeurs, l’épuisement psychique et physique viennent à bout de leur motivation et de leur engagement professionnel. Des jeunes professionnelLEs (même en CDD de 3ans) rompent leurs contrats et fuient… les arrêts maladies, parfois de longues durées, sont toujours aussi nombreux
Ce n’est pas la création, à l’issue de la grève, d’un poste d’une haute fonctionnaire déléguée à l’enfance et la jeunesse… Ce n’est pas la contractualisation avec le gouvernement dans le cadre de « La stratégie pour la protection de l’enfance »… Ce ne sont pas non plus les coups de com’ à travers, par exemple, « la feuille de route départementale protection de l’enfance » pondue hors sol cet automne sans aucune concertation avec les professionnelLEs de terrain… qui ont modifié quoi que ce soit dans la réalité des enfants et de leurs référentEs.
Le Département du Nord qui a en charge le plus grand nombre d’enfants placés en France, s’est enorgueilli, lui, de prioriser à l’investissement, le remboursement de la dette.