Le Département du Nord place des enfants de 10 ans dans des hôtels miteux !!!

Ce 1er mai, le syndicat SUD est alerté par des collègues d’une Maison Nord Solidarité de Lille que des enfants en bas âge faisant l’objet d’une mesure de protection en urgence décidée par le Parquet des Mineurs ont été placés en hôtel sur Tourcoing.

En regardant de plus près, nous avons confirmation qu’une fillette de 12 ans et son petit frère de 10 ans ont été déposéEs jeudi 25 avril au Lemon, un hôtel miteux et dégradé situé sur le quartier du Virolois à Tourcoing. Les collègues constatent que deux autres jeunes enfants du secteur de Valenciennes s’y trouvent également.

Cet hôtel, connu pour son insalubrité, a été réquisitionné en 2022 et 2023 par la préfecture pour héberger durant cette période près de 400 réfugiéEs ukrainienNEs. Toujours par décision préfectorale, le Lemon est fermé le 31 janvier dernier compte tenu d’une dégradation significative des conditions d’accueil.
Conditions d’accueil dégradées, voire insalubres, mais du point de vue de C. POIRET, président du Département, pas au point de ne plus y mettre des mineurs.

Ainsi, via l’association Coallia, qui revendique être depuis « plus de 60 ans, au service des plus fragilisés », le Département du Nord place des jeunes et enfants dans cet hôtel avec la présence permanente d’un à deux salariéEs de cette association.

Nos militantEs se sont rendus directement sur place ce jeudi 2 mai et ont constaté des conditions d’accueil insupportables et indignes pour un service public départemental qui a l’obligation d’apporter un cadre sécurisant à des enfants dont les conditions d’existence sont gravement compromises.

Sur place, le site est vide ! Le « gérant » nous indique, qu’à la demande de la municipalité, l’ensemble des mineurs « encadrés » par Coallia ont du quitter les lieux il y a 2 jours, mardi 30 avril dans la soirée. Il nous précise qu’il sont maintenant sur Dunkerque.
La fillette et son petit frère ont été réorientéEs dans un foyer de l’enfance d’urgence à Caestres. Mais compte tenu de la saturation de ce foyer, elle et il seront de nouveau ballotéEs sur une autre structure dans les prochaines heures.
En contactant par téléphone l’équipe de Coallia, nous apprenons qu’ils ont « déménagé» avec les mineurs, dans un ancien hôtel Formule 1 à Saint Pol sur mer. Se trouvent donc dans cet hôtel low cost du dunkerquois, à ce jour, des « mineurs non accompagnés » dont un âgé de 14 ans, ainsi que 2 « enfants de l’ASE », un garçon de 17 ans et une fille de 14 ans… de l’avesnois !!!

La salariée de Coallia nous précise que c’est la deuxième fois qu’ils sont amenés à « déménager » avec les enfants. Avant d’arriver au Lemon hôtel de Tourcoing, l’association accueillait 60 enfants dans l’hôtel F1 situé à Haulchain (valenciennois).
Les collègues de l’ASE de Maubeuge Jeumont avait d’ailleurs formulé une déclaration de danger grave et imminent concernant l’accueil d’enfant dans cet établissement. La Direction nous avait affirmé fermer « la structure » faute de présence éducative… Récidive sur Tourcoing… Puis sur St Pol !!!

L’association UTPOPIA 56 nous confirme, pour ce qui concerne les « MNA », que des enfants scolarisés sont encore (via Coallia) en ce moment même dans un hôtel Formule 1 à Roubaix et qu’elle a été destinataire de photos d’infestation de punaises de lits prises par des jeunes il y a quelques jours au Lemon hôtel.

C POIRET et le Département, hors la loi et totalement irresponsable !!!

La loi dite « Taquet » du 7 février 2022 a interdit aux services de l’Aide Sociale à l’Enfance le placement de mineurs dans les hôtels tout en prévoyant une période dérogatoire pour permettre aux Départements qui ont en recours (ce qui est le cas de manière occasionnelle pour le Nord) de se mettre en conformité.
Il faut attendre 2 ans pour que le décret d’application sorte ! C’est le cas le 18 février dernier avec le décret n° 2024-119 du 16 février 2024. Ce texte précise que seuls les jeunes âgés de 16 à 21 ans (sauf pour les enfants reconnus handicapés) peuvent être confiés dans des structures « jeunesse et sport » (comme les centres de vacances par exemple) pour une période maximale de 2 mois. Le Département doit, par des visites régulières sur site, s’assurer que la prise en charge est « adaptée à l’âge et aux besoins fondamentaux » des gamins….

C. POIRET et son exécutif violent donc clairement la loi et mettent en danger les enfants qui lui ont été confiés. En effet :

• Les enfants du secteur de Lille et de Valenciennes placés au Lemon hôtel des Tourcoing la semaine dernière ont bien moins de 16 ans
• La structure hôtelière n’est pas autorisée par la loi à exercer ce type d’accueil
• Les conditions matérielles et éducatives d’accueil ne sont pas réunies pour garantir la sécurité des enfants.

En sous traitant à l’association Coallia, qui n’est pas une structure spécialisée dans la protection de l’enfance, le Département du Nord pense se décharger de sa responsabilité en permettant à cette association d’occuper des lieux, d’une part illicites, mais de plus totalement dégradés. Pourtant sa responsabilité est clairement engagée puisque la collectivité rédige à chaque occupation de site hôtelier un « arrêté portant renouvellement d’autorisation à titre temporaire d’un site dédié à l’hébergement de mineurs privés temporairement ou définitivement de la protection de leur famille ».

Encore hier, les collègues de Roubaix ont eu l’ordre de déposer un ado dans cet hôtel F1 de St Pol sur mer. Ils et elles ont fait bloc et refusé !!!!
Ils et elles nous confirment par ailleurs qu’une enfant de tout juste 15 ans est actuellement dans l’hôtel Formule 1 avenue des Nations Unies à Roubaix !

Qui passerait une seule nuit dans ce type de structure ?
Qui y laisserait ses enfants ?

Sur France 3, lors du JT régional du 17 avril dernier, le président du Département a osé affirmer qu’il était préoccupé par la situation des enfants en osant dire : « Ce sont mes enfants !». Il est maintenant clairement impératif de protéger les enfants de cet individu !

Depuis le 11 mars dernier, nos collègues en MNS et PEFJ se mobilisent pour dénoncer l’état catastrophique de la chaîne de prévention et de protection de l’enfance. C. POIRET et son exécutif refusent toujours de les recevoir et de les écouter !!

Le syndicat SUD condamne fermement la posture du Département et le rappelle, une fois de plus, à ses obligations en tant que « chef de file de la protection de l’enfance ».

Nous exigeons l’ouverture immédiate de négociations durant lesquelles les propositions rédigées par les professionnelLEs de terrains pourront être débattues.

Nous exigeons également la construction d’un plan pluriannuel de réinvestissement pour la prévention et la protection des mineurs.