Verdict dans le «procès de Châteauroux» : les mis en cause condamnés mais la responsabilité du Département du Nord ignorée
Hier, mercredi 18 décembre, le verdict du «procès de Châteauroux» qui s’est tenu du 14 au 18 octobre 2024, a été rendu.
Pour rappel, des enfants en danger, confiés à l’aide sociale à l’enfance du Nord par décision de justice, avaient été envoyés, en toute illégalité, auprès de familles de l’Indre, de la creuse et du limousin qui ne disposaient pas de l’agrément nécessaire pour les recevoir et les accompagner. Sur place, ils et elles ont subi de graves maltraitances physiques, psychologiques et sexuelles.
En autorisant ces escrocs (ces individus ne sont en aucun cas des familles d’accueil ou des éducateurs !) d’accueillir pendant de nombreuses années des enfants en situation de vulnérabilité, le Département du Nord a gravement failli dans sa mission première de protection.
Les cinq jours d’audience mi-octobre ont été particulièrement éprouvants pour ces jeunes. Nous, agentEs du département, leur réaffirmons notre soutien, et saluons leur courage et la force dont ils et elles ont fait preuve face à leurs bourreaux.
Des peines de dix mois à six ans de prison ferme ont été prononcées à l’encontre des principaux coupables ainsi que des amendes ; Ces peines sont inférieures aux réquisitions de l’avocat général à l’issue des débats en octobre, « pas à la hauteur des souffrances des enfants » selon l’avocat des victimes.
Aù delà de la décision du Tribunal, notre organisation syndicale, représentant les travailleurs sociaux et médico-sociaux de l’Aide Sociale à l’Enfance du Nord, réaffirme sa vive indignation face à l’absence, pourtant très remarquée, des hauts responsables du département.
Nous condamnons fermement l’attitude de son président Christian Poiret, de la vice-présidente chargée de l’enfance Marie Tonnerre qui n’ont toujours aucun mot, aucun message de soutien à l’endroit de ces enfants.
Insupportable ! Après que l’ancien président, Jean René LECERF, ait déclaré ne se sentir « ni coupable, ni responsable », dans les hautes sphères on a fébrilement attendu que le scandale retombe et ne fasse plus l’objet d’un traitement médiatique particulièrement intense.
Alors, le Département « ni coupable, ni responsable » ? Vraiment ?
Ça il va falloir le prouver maintenant !!
En effet, alors que durant le procès la procureure n’avait pas exclu l’ouverture d’une nouvelle instruction pour les faits de maltraitances sexuelles, dès l’annonce du verdict, un des avocatEs de la partie civile a annoncé déposer, dans les prochains jours, une plainte à l’encontre du Département du Nord, et ainsi « dénoncer toutes les carences de l’ASE » dont « l’absence quasi-volontaire » de l’agrément et des conséquences qui s’en sont suivies.
Jean René Lecerf et l’actuel président Christian Poiret portent la lourde responsabilité de la destruction de notre service public de prévention et de protection de l’enfance.
Nous alertons depuis 2018 de la pénurie sciemment organisée des moyens : 350 suppressions de postes sur le terrain et 700 places d’accueils supprimées entre 2015 et 2018.
Au delà des fautes personnelles qui sont à identifier, les dysfonctionnements découlent de la pénurie de moyens, du désengagement du Conseil Départemental, de l’État.