Elections présidentielles : « Si tu ne t’occupes pas de la politique, la politique s’occupera de toi ! »
Les élections présidentielles auront lieu dans moins de 20 jours. Ce scrutin intervient dans une période particulière, où pour une fois depuis bien longtemps les projets de société portés par les candidats surpassent les petites phrases et les postures.
C’est une élection présidentielle pas comme les autres. La campagne met en évidence le besoin fondamental de changer la donne au point que certains candidats, au pouvoir ces 10 dernières années, tentent de faire croire qu’ils ne sont pour rien dans la situation actuelle. Et comme c’est tendance, de s’affranchir de « ce système » affirmant tous vouloir le transformer.
Seulement voilà, toutes les transformations ne se valent pas !
Cette campagne présidentielle met donc diverses propositions au débat qui interrogent le sens que nous souhaitons donner à notre société, à notre vie.
Indépendant de toute structure politique, mais qui porte un projet d’émancipation et de transformation sociale, SUD ne peut que contribuer au débat. D’autant que des programmes politiques prétendent remettre en cause les conditions de travail des agents publics que nous sommes, voire l’existence même des services publics auxquels nous sommes touTEs et attachéEs et qui organisent les principes de solidarité protecteurs de chacun d’entre nous.
Parce que nous sommes une organisation syndicale de travailleurs et d’agents publics, il nous semble important de cibler les programmes qui représentent un danger pour notre avenir.
Parce que nous défendons des valeurs antiracistes, féministes et de solidarité, nous voulons aussi démasquer l’imposture de Le Pen et du FN qui tentent de duper par des accents « sociaux » des citoyens déboussolés (pour en savoir plus sur son programme voir ici).
Agents du service public, collègues, citoyens, attention au bulletin glissé dans l’urne … il pourrait nous être fatal !
Services publics en danger
Pour certains candidats toute la valeur des choses n’est rapportée, de manière étriquée, qu’à son coût … jamais à ce qu’elle rapporte à l’intérêt général.
C’est le cas des services publics qui sont dans le viseur de MACRON, FILLON, LE PEN.
- MACRON, qui tente habilement de gommer sa participation essentielle au gouvernement de HOLLANDE compte, s’il est élu, supprimer une nouvelle fois 10 Milliards d’euros destinés aux collectivités territoriales sur le prochain quinquennat.
Cette nouvelle baisse considérable des dotations, après les 10 premiers milliards sous le quinquennat qui se termine, actera la fin des services publics locaux déjà en cours de démantèlement.
Il enfonce le clou en supprimant également 120.000 postes de fonctionnaires en majorité dans la fonction publique territoriale. Démagogie ultime, il supprime la taxe d’habitation, ressource financière principale des collectivités locales comme notre Département.
- FILLON, avec lui, c’est la purge assurée ! Pas moins de 500.000 fonctionnaires en moins, baisse des dotations de 20 Milliards (qui dit mieux ?) avec dans le viseur, une cible particulière : les Départements.
FILLON … candidat soutenu par le président JR LECERF qui ne pourra plus se présenter comme un défenseur de notre collectivité face au désengagement de l’Etat mais qui profitera de l’aubaine, si FILLON est élu, pour définitivement vider notre collectivité et ses missions.
- LE PEN, pour s’emparer du pouvoir, elle est prête à tout … et surtout adapter son discours en fonction de ses interlocuteurs. Alors que son parti conspuait hier les fonctionnaires, aujourd’hui, elle les flatte pour obtenir leurs suffrages. Pourtant, son programme indique clairement sa volonté de ne pas revaloriser le statut, de supprimer les intercommunalités et les Régions, de baisser les impôts et donc les moyens attribués aux services publics par la redistribution. Les seuls services publics qui trouvent grâce à ses yeux sont ceux de la police et de l’armée.
Au delà de ça, par son projet idéologique de mise en place partout de la « préférence nationale », elle détruit la notion même de service public en tant que vecteur de solidarité et d’égalité.
Elle entend également mettre les fonctionnaires à la botte de son programme et s’est même permise de menacer certains d’entre eux fin février lorsque son intérêt personnel a été touché par sa mise en cause judiciaire.
Protection sociale des salariés menacée
Que ce soit LEPEN, MACRON ou FILLON, ils comptent tous les trois réduire les cotisations sociales … Donc ne rien changer à la logique qui prévaut depuis 30 ans.
Pour eux, en effet, les cotisations sont des charges, le travail coûte (mais pas le capital bien sûr !) et donc les salariés sont un poids pour les entreprises les empêchant de se développer et d’augmenter leurs marges et leurs profits.
Pourtant les cotisations sociales sont notre salaire. Pas celui qui figure en bas de notre fiche de paie mais le salaire différé et socialisé qui finance la sécurité sociale : le droit d’être soigné, d’avoir un revenu à la retraite et en période de chômage, etc. … bref le droit de vivre !
Et d’ailleurs, pour ce qui concerne nos conditions d’existence, tous les 3 envisagent l’augmentation de notre temps passé au travail.
Si MACRON et LE PEN se réfèrent encore aux 35 heures, ils considèrent que les entreprises et les collectivités locales pourront faire travailler les salariés bien au-delà.
Pour FILLON, le poulain de LECERF, c’est plus simple ! Il supprime purement et simplement la durée légale du travail. La seule limite ne serait plus que celle imposée par l’Union Européenne de 48h/semaine.
Et pour la retraite ?
- Alors que ces 10 dernières années, le FN n’a jamais condamné l’augmentation continue de l’âge de départ à la retraite et de la durée de cotisation nécessaire, et qu’il s’est opposé clairement aux mobilisations de 2010.
Aujourd’hui pour séduire, il racole. LE PEN affirme en effet, sans aucune gène, vouloir ramener l’âge de départ à 60 ans pour 40 années cotisées. Elle scande beaucoup moins, par contre, ce qui est intégré dans son programme : que cela se fera avec des « contreparties ». Baisse des pensions ? Augmentation des cotisations salariales ? Mis en place d’une retraite par capitalisation ? Plus de retraite pour les travailleurs étrangers ?
- Pour FILLON, non content de nous faire travailler plus longtemps la semaine, il veut aussi nous faire travailler plus vieux. IL annonce le report de l’âge de départ à la retraite à 65 ans. Ce qu’il n’ose néanmoins pas préciser (c’est pas très populaire !), c’est que de fait,
- cela conduit également au report de l’âge de départ avec une retraite à taux plein : 70 ans ! Après avoir annoncé sa suppression, il entretient maintenant volontairement l’ambiguïté sur le régime des fonctionnaires.
- MACRON, qui veut paraître modéré et centriste face à FILLON, est accusé par ce dernier de lui piquer ses idées, en plus de lui piquer un bon nombre de ses soutiens.
Si pour la question de l’âge de départ à la retraite, MACRON dit ne rien vouloir changer, il annonce néanmoins la fin du système solidaire de retraite par répartition par la mise en place d’un système individualisé par points qui creusera inévitablement les inégalités entre celles et ceux qui auront une carrière ininterrompue avec des hauts salaires et celles et ceux dont la carrière aura été plus chaotique, interrompue et/ou à temps partiel, comme la plupart des femmes.
Le 23 avril, nous sommes appelés à aller voter.
En tant qu’électeursRICES, nous sommes amenéEs à faire un choix entre des projets de société qui s’opposent. Ceux portés par certains prônent la ségrégation, d’autres toujours plus de concurrence entre nous et creusant les inégalités, et d’autres encore peuvent représenter un espoir, une première étape pour une société plus humaine.
En tant que citoyenEs, quel que soit l’issue de ce scrutin, nous devrons, comme le fait aujourd’hui le peuple guyanais, nous engager dans la mobilisation sociale pour instaurer le rapport de force nécessaire à l’instauration d’une politique de transformation de la société.