Face à un cadre « a » minuscule, défendons un TRAVAIL SOCIAL en majuscule !
Ca y’est ! On peut cette fois se dire que ça se confirme : l’ensemble des travailleurs sociaux, sur le cadre d’emploi des assistant socio-éducatifs, passeront au cadre A le 1er février 2019.
Ce passage pourtant prévu le premier février dernier avait été repoussé par le gouvernement Macron sans qu’aucune garantie ne nous permette d’affirmer qu’on se retrouverait une fois encore face à des reports successifs.
Car cela fait plus de 25 ans que nous réclamons légitimement la reconnaissance de nos diplômes et de la responsabilité liée à nos professions.
D’ailleurs, les accords européens de Bologne de 1999, fixant l’obligation de la reconnaissance de nos diplômes d’Etat à BAC+3, contraignent les gouvernements à l’intégration de nos professions (AS, éduc’ spé, CESF) dans le cadre A depuis 19 ans. Plusieurs engagements avaient été pris, et plusieurs ministres, la main sur le cœur, l’avaient promis… baratin !
Alors pourquoi aujourd’hui devons nous croire enfin à ce cadre A ?
Simplement parce qu’en vue des élections professionnelles dans la fonction publique prévues le 6 décembre prochain, des décrets (n°2018-183 et n°2018-184), sortis le 14 mars dernier, modifient la constitution de la Commission Administrative Paritaire (CAP) de la catégorie A prenant en compte l’arrivée des assistants sociaux éducatifs.
Autrement dit, nous serons amenéEs à voter en décembre prochain pour des représentantEs du personnel en catégorie A et pourrons nous présenter comme candidatEs à cette CAP.
Alors cette intégration au cadre A tant attendue arrive enfin…
Mais…
Mais quoi ?
Mais dans quelles conditions ?
Les décrets, datés de mai 2017 (décrets n° 2017-901 et n°2017-902 du 9 mai 2017), qui fixent notre future échelle de rémunération et nos conditions d’intégrations, nous poussent toutes et tous hors de la catégorie B dans une catégorie A taillée spécialement pour nous en XXS.
Nous passons d’un grand « B » à un « a » minuscule ! Bravo la reconnaissance ! C’est, entre autre, pour cette raison, que SUD-Solidaires avait refusé de signer le protocole PPCR à l’automne 2015.
Les grilles sorties en 2018 dans ces décrets, au titre de la constitution initiale du cadre d’emplois, sont très éloignées de la filière médico-sociale. Pour comparaison, un travailleur social qui accéderait en 2020 au dernier échelon de la classe exceptionnelle (plus haut grade du nouveau cadre d’emploi) percevra 46 points de moins (215 euros) qu’un attaché territorial de 1er grade au dernier échelon.
Une revalorisation des grilles est prévue ensuite pour janvier 2021… à moins que le gouvernement décide encore d’ici là un énième report !! Et si revalorisation il y a, c’est déjà au prix d’un rallongement de la carrière et on sera encore très loin du « A type » (attachés territoriaux).
Bref, si l’idée était de passer les sociaux en A juste pour changer de lettre, c ‘est réussit !
La supercherie supplémentaire consiste à laisser croire que ce passage en « a » prend en compte et valorise le niveau de responsabilité et d’expertise de nos professions, alors que partout, et en particulier ici au Département du Nord, nous sommes transforméEs en simples exécutantEs de procédures où la contractualisation contrainte avec la population devient la règle et où nos évaluations sociales sont systématiquement remises en causes par une hiérarchie administrative assise sur une gestion comptable de l’action sociale.
Comment pourrait-on défendre un vrai Cadre A sans défendre le Travail Social ?
Et comment peut-on être travailleur social sans revendiquer la responsabilité que nous posons à chaque acte professionnel. Le faire commence par par remettre en cause l’organisation de l’action sociale au Département (logiques de guichet, de délivrance de prestations, de plate forme téléphonique, inversion des fonctions entre secrétaires et travailleurs sociaux, rapports sociaux standardisés et imposés, etc.).
Bonjour,
Bravo pour l’énumération de ce qui est en train de faire disparaître notre identité professionnelle !! Mobilisons nous