prévention et protection de l’enfance : L’exécutif du Département peut vraiment mieux faire !
La 1ère rencontre de négociation entre l’exécutif, le DGS et les organisations syndicales concernant le travail social, médico-social, la prévention et la protection de l’enfance a eu lieu ce mercredi 6 février (la seconde est programmée le 25 février).
Ces discussions sont le résultat des mobilisations des travailleurs sociaux, médico-sociaux et secrétaires depuis octobre dernier.
Pour ce qui nous concerne, comme le 17 janvier -voir ICI– , notre syndicat accompagnait une large délégation de TS et TMS, engagéEs pour certainEs dans le « Collectif Dégradé ».
Nous nous étonnons de la publication ce 8 février du DGS (sur l’espace intranet de la collectivité) exposant 10 mesures pour la protection de l’enfance alors que les discussions ne sont pas closes. C’est à l’issue de la deuxième rencontre, avec JR Lecerf, qu’on pourra se mettre d’accord sur la signature d’un protocole de fin de conflit.
Ces engagements ne peuvent être que le début d’une modification profonde la politique départementale en faveur de la prévention et de la protection de l’enfance.
Ces engagements ne sont à mettre que sur le compte de la détermination de nos collègues engagéEs dans une mobilisation inédite.
Lors de la rencontre, ce mercredi 6 février, nous avons en premier lieu porté à la connaissance du vice-président aux ressources humaines (JL Detavernier), au vice-président chargé de l’enfance, la famille et la jeunesse (Y Dusart) et du directeur général des services (B Hus), que la pétition qui reprend les mesures d’urgence à mettre en place pour sortir la protection de l’enfance de l’impasse dans laquelle elle se trouve, comptait à ce jour
952 signatures, récoltées en une seule semaine
au sein des UTPAS de :
Lille Vauban, Aulnoye Aymeries, Roubaix-Ville, Lille Fives, Maubeuge Hautmont, Somain Orchies, Hellemmes, Anzin, La Madeleine, Wattrelos Leers, Seclin, Lomme Lambersart, Lille Moulins, Condé, Maubeuge Jeumont, Haubourdin La Bassée, Denain Lourches, Avesnes Fourmies, Roubaix Croix, St Amand, Mons Marcq, Tourcoing Neuville, Coudekerque, Cysoing, Tourcoing Mouvaux, Roubaix Hem, Douai Waziers, Douai Arleux, Dunkerque Wohrmout, Roubaix Wasquehal, Liulle sud, Halluin, Denain Bouchain, Guesnain, Caudry Le Cateau, Villeneuve d’Ascq, Bailleul Merville et le SPS de Roubaix-Tourcoing.
Nous avons fait état des revendications synthétisées dans la pétition et demandé des réponses pour chacune d’elle.
L’exécutif a changé de ton et ne semble plus avoir l’intention de remettre en cause le constat que nous portons toutes et tous collectivement, mais il n’a pas tenu compte de l’ensemble des mesures qui doivent pourtant être impérativement prises.
Voilà ce qu’ils nous ont annoncé :
• Ils nous confirment la mise au recrutement de 164 postes sur les 300 vacants. Les travailleurs sociaux et médico-sociaux recrutés devraient intégrer les services d’ici juin. 57 seraient d’ores et déjà recrutés.
→ Nous n’avons pas obtenu de réponse pour les 136 postes restants. Cette mesure présentée comme une avancée n’est autre que la gestion normale des effectifs. Ils ont laissé la situation se dégrader volontairement.
• Ils nous annoncent la création de 5 postes de volants affectés à la DTRMT et à la DTML et qui seraient en priorité destinés à l’UTPAS de Tourcoing Mouvaux.
→ Ces recrutements sont bien en deçà du nombre de volants qu’il serait nécessaire de recruter pour faire face à l’ensemble des besoins sur tout le territoire
• Ils nous font part de la mise en place de 40 bourses départementales pour les éduc et AS de 3ème année.
→ Nous avons dénoncé cette mesure car les futurEs recrutéEs seront affectéEs, sans avoir le choix, dans des équipes en difficultés et où les conditions de travail sont dégradées. Les expériences passées -avec les pools boursiers- ont démontré que ces jeunes pro TS et TMS sont corvéables à merci et s’épuisent très rapidement.
• Selon l’exécutif les seules mesures annoncées (recrutement pour combler les postes vacants et les 5 volants) devraient permettre de faire baisser le nombre de référence par TS ASE à 35.
→ On est très loin des 25 mesures par TS revendiqués pour effectuer un travail éducatif qui tienne compte de l’ensemble des besoins d’un enfant. Nous actons néanmoins qu’au-delà de 35 références un TS est légitime à refuser une charge de travail supplémentaire. Selon B HUS pour permettre à chaque TS enfance de prendre en charge 25 enfants, il serait nécessaire d’embaucher 150 travailleurs sociaux supplémentaires, pour une somme de 9 millions et « ils n’en ont pas les moyens ». Sur un budget total de 3,5 milliards ça devrait pourtant être possible !!
•L’exécutif s’engage à rouvrir 235 places d’accueil en foyer (130 en accueil d’urgence, 105 en accueil spécifiques « petite enfance, accueil de fratrie, accueil situations complexes »)
→ Face aux 700 places supprimées le déficit de 465 qu’ils perpétuent reste très préoccupant, d’autant qu’avec les 700 places ouvertes la situation était déjà très tendue
• Pour la prévention, ils confirment la décision d’externaliser l’évaluation des agréments assmat et assfam. Ce qui, selon le DGS, devrait libérer l’équivalent de 40 à 45 ETP pour les puéricultrices qui pourront « consacrer ce temps libéré à la prévention ». Ils annoncent le doublement de l’enveloppe pour l’accueil d’éveil. Elle passerait donc de 200 000 à 400 000 euros en 2019. Le département envisage également de recruter des asmat pour permettre l’accueil de jour modulé.
→ Ils n’ont pas été en mesure de nous expliquer comment ils avaient procédé pour évaluer « ce temps libéré ». La question du nécessaire recalibrage des secteurs pour le SSD et la PMI a pour l’instant été écarté. Ce qui est pour nous inacceptable
• Concernant les internats scolaires, l’exécutif envisage le doublement de l’enveloppe consacrée à ce moyen de prévention. Elle passerait donc de 800 000 à 1 600 000 euros en 2019. La question de la participation familiale devrait également être rediscutée.
Pour les séjours colo, il serait possible que l’enveloppe soit revue à la hausse. Pour l’instant elle est maintenue au niveau de 2018. Des négociations avec les maires devraient être entreprises pour réserver des places pour les enfants accueillis à l’ASE.
→ Pour ces deux mesures, pour l’instant que des déclarations d’intentions, rien de concret.
• Pour la procédure EVA et les jeunes majeurs, selon Y Dusart « la délibération a été très mal comprises et donc très mal appliquée » « il n’a jamais été question de mettre les jeunes de 18 ans à la rue sans solution ». La délibération sera donc réécrite pour « éviter les interprétations ». Dans l’attente nous avons demandé et obtenu qu’une note de service soit envoyée à tous les décideurs.
→ La situation des jeunes majeurs laissés sans solution a ému l’opinion publique et les chiffres donnés par les médias (25% des personnes à la rue sont passées par l’ASE) ont mis en lumière une situation que nous nous connaissons bien. Elle a été dénoncée et le Département ne pouvait plus laisser les choses en l’état. Mais la remise en cause a ses limites, il ne s’agissait que d’incompréhensions.
QUESTIONNANT : Des éléments du document publiés ce 8 février par le DGS n’ont pas été abordés lors de la rencontre de mercredi et d’autres ont été modifiés.
La détermination des travailleurs sociaux, médico-sociaux et secrétaires des UTPAS, qui n’ont rien lâché depuis début octobre, a contraint l’exécutif départemental à enfin prendre la mesure des conséquences de ses choix politiques concernant l’action sociale et la protection de l’enfance en particulier. Le 6 février les 2 VP et le DGS ont mis de côté leur mépris et leur arrogance habituels. Ils ne se sont plus permis de remettre en cause le bilan effectué par les professionnels, d’ailleurs la situation est tellement évidente et les exemples tellement probants que ça devenait totalement grotesque.
Ils sont venus avec des propositions, certaines vont dans le bon sens et sont à retenir, mais l’ensemble reste très insuffisant et dans tous les cas, très inférieur aux besoins remontés.
D’autres ne sont que des déclarations d’intention qui peuvent rester sans suite si nous ne maintenons pas la pression.
Le VP enfance, famille, jeunesse a parlé d’une conjoncture favorable pour le Département qui peut lui permettre de faire un peu mieux pour la protection de l’enfance (la nomination d’un secrétariat d’état chargé de la protection de l’enfance, le plan pauvreté, la renégociation des CPOM avec les associations, etc.)
… alors chiche Monsieur DUSART !!
♦ Il faut mettre sur la table 9 millions pour recruter 150 travailleurs sociaux ASE et permettre à tous ces professionnels d’enfin faire un travail éducatif correct.
Faites-le, investissez pour l’avenir d’une population qui n’en a plus !
♦Il faut recruter des travailleurs sociaux, médico-sociaux et secrétaires pour recalibrer les secteurs de polyvalence, de PMI et permettre un réel accueil inconditionnel et une réelle prévention.
Faites-le, réduisez la taille des secteurs pour permettre aux collègues de refaire de la prévention !
♦ Vous avez pris des décisions inconsidérées en supprimant 700 places d’accueil en foyers.
Reconnaissez votre erreur et ré ouvrez les toutes, les besoins sont là, vous les connaissez !
♦ Vous avez compté sur le professionnalisme et l’engagement des travailleurs sociaux et médico-sociaux pour faire des économies d’échelle en maintenant un sous-effectif chronique et en supprimant des postes. Vous vous êtes fourvoyés et les conséquences sont désastreuses.
Remplacez chaque départ, compensez chaque arrêt maladie, comblez chaque poste vacant, la qualité du service rendu à la population en dépend.
♦La prévention ne peut être incantatoire. Les outils de prévention sont réduits depuis plusieurs années (enveloppes AMASE, TISF, AVS, colos, internat…)
Réaffectez les moyens à la hauteur des besoins de la population !
♦Les TS et TMS ne sont pas de simples exécutantEs de procédures et dispositifs.
Faites leur confiance. Respectez leurs évaluations ! Mettez fin à tout management descendant qui remet en cause leur expertise professionnelle !
Nous prenons acte des annonces. Nous attendons des engagements supplémentaires le 25 février.