Message des travailleurs sociaux et médico-sociaux SUD à leurs collègues du Département du Nord
CherEs Collègues,
La situation inédite de crise sanitaire à laquelle nous sommes confrontéEs, cumulée aux mesures radicales tel que le confinement, provoque chez chacunE d’entre nous beaucoup d’anxiété et de questionnements. Dans ce domaine, et c’est rare, nous sommes bien toutes et tous en même temps, dans le même bateau !!
Et pourtant, en tant que travailleurs sociaux, médico-sociaux, secrétaires de surcroît agents publics, nous faisons partie de celles et ceux qui doivent poursuivent leurs missions d’intérêt général essentielles aux populations que nous accueillons et accompagnons tout au long de l’année. Là-dessus, il n’y a pas de débat.
Alors comment poursuivre notre boulot dans ces conditions ? Comment nous organiser ? Comment nous protéger ?
CertainEs d’entre nous ne comprennent pas pourquoi continuer à aller en UTPAS : « Je peux travailler de chez moi (…) Je peux gérer mes situations par téléphone (…) A quoi bon aller en UT puisque nous ne recevons pas le public ?«
Dès que le Département a légitimement pris la décision de fermer les UTPAS au public, à SUD, nous avons cherché et proposé une organisation qui permette de concilier les missions essentielles auprès des populations et la sécurité de tous –voir ICI–
Bien sûr, il n’était pas question de poursuivre nos missions sans le matériel et les précautions nécessaires à notre sécurité sanitaire comme à celle des populations. Nous avions d’ailleurs averti le DGS dès le 13 mars de cet impératif lui signifiant qu’en cas de défaut de protection, nous accompagnerions nos collègues dans des droits de retrait.
Nous avons également transmis une alerte CHSCT, le 30 mars – Voir ICI– sur l’absence ou l’insuffisance des moyens de protection pour certaines de nos pratiques.
Et il ne suffit pas de parer aux risques de contagion par le virus ! Notre sécurité impose aussi de mettre en place une organisation qui garantisse la sécurisation de nos pratiques quotidiennes et tout ça durablement, puisque la crise et ses conséquences vont durer.
Dans le cadre de nos « missions critiques » qui ne peuvent être suspendues, nous devons être en mesure d’apporter du soutien dans les situations de détresse, de répondre aux besoins et aux demandes de subsistance ainsi que de faire face à toutes les interventions relatives à la protection de l’enfance. En PMI, les vaccinations et le suivi des nourrissons les plus vulnérables et leur famille ne peuvent pas être interrompus. Des consultations de proximité doivent donc être maintenues. Tout comme en SPS, où le rythme des consultations a été réduit mais se poursuit !
Pour nous, il s’agit donc de prendre en compte au téléphone toutes les interpellations, de les analyser, d’y répondre le plus possible à distance… sauf quand, après une évaluation pluridisciplinaire, l’urgence et l’absence d’alternative nécessite d’intervenir au domicile (mais pas d’intervention auprès des populations sans protection !!).
Ce travail d’évaluation, propre à notre pratique professionnelle, toujours collégial, nécessite d’autant plus d’être soutenu et sécurisé par la réflexion collective en période de crise.
ChacunE sait que le regard pluridisciplinaire permet la prise de recul indispensable pour éviter les décisions précipitées et donc inadaptées, voire dangereuses pour nous et/ou la population. C’est ce que nous appelons sécuriser les pratiques !!!
Ce soutien, ce travail de réassurance et de prise de recul entre nous, et la nécessaire recherche de solutions inventives dans un contexte aussi complexe, ne peut pas, lui, se faire à distance.
Il est donc indispensable de maintenir dans toutes les UTPAS une » cellule de crise » avec un effectif réduit, mais pluridisciplinaire et tournant.
Ce mode de fonctionnement, s’il est bien organisé collectivement, n’est pas dangereux !
Se réunir à 5 ou 6 personnes chaque jour dans les UTPAS, en respectant les gestes barrières et en ayant des moyens de protection, est moins risqué que de se rendre au supermarché !
La présence par roulement (entre collègues qui le peuvent car non dispenséEs – voir ICI–) ne nous amène pas à y aller tous les jours, comme c’est le cas des personnels soignants présents dans les hôpitaux nuits et jours !
Maintenir une présence à minima dans les UTPAS, c’est maintenir un collectif de travail qui saura, dans les situations critiques, d’urgence, se concerter, prendre des décisions, trouver des solutions et réagir !
Au contraire, nous l’affirmons, travailler à distance, isoléE peut constituer une prise de risque importante !
Parmi les nombreux groupes What’sApp qui se sont créés, au départ surtout pour des raisons de convivialité, pour rester en lien, prendre des nouvelles entre nous, bon nombre ont été détournés pour organiser le travail, passer des consignes voire des injonctions. De plus en plus de collègues expriment d’ailleurs leurs difficultés à faire face à ce mode de communication incessant, intrusif et stressant… tout comme il n’est pas évident de travailler de chez soi.
Et finalement, notre travail se limite-t-il à « la gestion de portefeuilles d’usagers » ? Gérer des dispositifs issus d’un catalogue ?
Et quand ces dispositifs sont, de fait, inopérants en tant de crise sanitaire, ne plus savoir quoi faire ?
A SUD, on pense que, nous travailleurs sociaux et médico-sociaux, devons, dans de telles circonstances, faire preuve de créativité, trouver ensemble et tricoter sur mesure des solutions alternatives pour les populations, s’émanciper des dispositifs, procédures, trames, guides de toute nature !
Et n’est-ce pas ici l’occasion de le faire et de réhabiliter ces compétences, cette expertise auprès de notre employeur (qui en a besoin) ?
Par conséquent, nous, travailleurs sociaux et médico-sociaux et cadres syndiquéEs SUD, réaffirmons avec force le besoin, la nécessité de maintenir, tant que cela est possible et tant que les effectifs le permettent (certaines UTPAS ferment mais d’autres rouvrent !), les cellules de crise et d’urgence en UTPAS !
Cette situation inédite exige aussi des représentantEs du personnel, des organisations syndicales, de ne pas alimenter inutilement les inquiétudes, de trouver, au fur et à mesure de l’évolution de la crise sanitaire, des solutions en terme d’organisation et de protection, de les proposer en les portant clairement auprès de l’employeur.
Prenez soin de vous les collègues !
les travailleurs sociaux, médico-sociaux, secrétaires et cadres syndiquéEs SUD