Le labo départemental : un outil contre le COVID19 négligé ?
Le vendredi 3 avril, le journal » le point » révélait une information capitale concernant le refus du gouvernement de répondre à la proposition des laboratoires vétérinaires publics de produire des tests de dépistage du COVID19 en nombre.
Ces laboratoires publics dépendent des Conseils Départementaux.
Et dans le Nord, bien sûr, nous en avons un, situé à Villeneuve d’Ascq et, depuis 2016, mutualisé avec ceux du Pas de Calais et de la Somme.
Quand nous avons pris connaissance de cette information, nous avons immédiatement interpellé l’administration pour connaitre les intentions de notre collectivité sur cette question cruciale.
En effet, la pénurie générale de tests, entraîne une gestion chaotique de la crise et contribue à la poursuite de la propagation du virus. Ces tests seront d’ailleurs essentiels pour envisager le déconfinement.
Nous demandions à connaitre les capacités du labo départemental à produire ces tests et de quelle manière notre département pouvait s’affranchir des injonctions gouvernementales. Et enfin nous rappelions que bon nombre des professionnelLEs exposéEs dans le cadre de l’exercice de certaines missions critiques pouvaient être sécuriséEs et protégéEs si des tests en nombre pouvaient être pratiqués.
Nous lui avons par la même occasion rappelé la nécessité de tester les enfants confiés au Département dans le cadre de la protection de l’enfance qui arrivent (ou reviennent) dans la famille des assistantes familiales.
Après lui avoir envoyer 2 courriels (le 4 avril ICI et le 6 avril ICI), sa réponse indirecte est arrivée par le biais d’un post sur intranet ce lundi soir, très général et qui ne donne aucune indication précise et aucun repère concret. Rien sur la capacité réelle de notre laboratoire départemental à fournir des tests de dépistage (combien ? à quel rythme ? ) ni sur l’opérationalité de la mise en œuvre à destination du personnel départemental.
Depuis, le gouvernement serait revenu sur ses premières décisions et les laboratoires départementaux peuvent maintenant être sollicités. Mais par qui et comment et à destination de quelles populations on ne sait toujours pas.
Toutes ces interrogations sont une nouvelle fois l’occasion de mettre l’accent sur le rôle incontournable et majeur que joue le service public dans la crise sanitaire actuelle.
Comme le précise d’ailleurs l’administration, les laboratoires publics départementaux ont une activité essentielle qui contribue largement à la protection sanitaire des populations.
Et pourtant, c’est un constat qui a été, comme pour l’ensemble des missions et des fonctions du service public, en dehors de la crise, dénié.
En 2016, sur la base de réflexes gestionnaires et idéologiques de court terme, les moyens, les savoir faire, les expertises du labo départemental ont été mutualisés, et en novlangue on sait ce que veut dire mutualisation.
Le dossier est d’ailleurs passé au Comité Technique du 6 octobre 2016 et à SUD nous avions voté contre cette fusion, synonyme de rationalisation ! – voir ICI en page 6 du PV –
Si » gouverner c’est prévoir » on ne peut que constater, une fois encore, le manque de clairvoyance et les obsessions qui guident les décisions politiques, pourtant d’intérêt général.
La question des moyens pour faire fonctionner ce labo est également interpellante. Dans le Nord et pour une population générale de 2,7 millions d’habitants, 30 agents réalisent les missions dédiées, de plus mutualisées avec 2 autres Départements. En Haute Garonne par exemple pour une population moitié moins nombreuse (1,4 million) ce sont 160 agents qui y travaillent.
Notre laboratoire public départemental aura-t-il les moyens de prendre sa part dans le dépistage du COVID19?
Nous attendons avec impatience les précisions que le DGS a assuré qu’il nous donnerait.
Les élus départementaux tireront-ils les leçons de la crise sanitaire pour mettre un terme au démantèlement de notre service public ?
Souhaitons pour nous comme pour eux, que ce « choc avec le réel les réveille d’un grand sommeil dogmatique«
Nicolas Mathieu Goncourt 2018