RSA : Au Département du Nord, la consigne c’est « balance ton pauvre » !
Depuis avril, 1 million de personnes de plus ont basculé dans la pauvreté.
Aujourd’hui 10 millions d’enfants de femmes et d’hommes vivent en France sous le seuil de pauvreté. Le chômage explose et bien sûr, dans le sillage de ces licenciements massifs, les demandes de RSA augmentent.
Les associations caritatives décrivent une situation sociale inconnue depuis la fin de la seconde guerre mondiale et tirent toutes les alarmes possibles. Pendant ce temps-là et à la faveur de la crise sanitaire, les milliardaires français ont vu leurs dividendes et leur revenu considérablement augmenter (+439%).
Et que fait le Département du Nord ?
Comment soutient-il les populations victimes de la crise sociale majeure qui est encore en train de s’aggraver ?
Pudiquement et de manière aseptisée « A partir de novembre, le département étend les équipes pluridisciplinaires au non-respect des engagements pris dans le cadre du CER » Et donc, l’administration demande aux travailleurs sociaux de « faire remonter les situations des allocataires qui ne respectent pas leurs engagements au cours de leur contrat », pour suspendre ou supprimer le minimum vital qui leur est versé.
En vrai et dans le réel ça veut dire quoi ?
Le Département, dont la mission première est d’être solidaire des populations les plus fragilisées et de les soutenir, organise la dénonciation.
Le Département demande aux travailleurs sociaux, dont la raison d’être est aussi de tenter de limiter les conséquences sociales et humaines de la crise économique sur les populations, dont bon nombre d’enfants, de leur faire la chasse « Lorsqu’un allocataire est rattrapé par une EP (équipe pluridisciplinaire) » !
Et pourquoi ?
Qu’est ce qui peut bien motiver l’exécutif et la haute administration ? Qu’est ce qui justifie que les chefs de service relaient cette consigne ?
· Peut-être parce que les objectifs fixés par la DIPLE de baisse aveugle du nombre d’allocataires doivent être atteints et que tout le monde est évalué sur cette obligation de résultat ?
· Peut-être pour que coûte que coûte la politique affichée par JR Lecerf et sa vice-présidente de retour à l’emploi soit gagnante et électoralement payante. Parce que, Comment qu’on fait quand y’a pas de travail et qui faut plus de chômeurs ? Bien et hop on supprime les familles des fichiers du RSA !!
SUD appelle les travailleurs sociaux et plus généralement les agentEs du service public à :
se rappeler le sens profond de nos missions,
refuser d’obéir à ces ordres iniques et contraires à tout ce qui justifie l’existence de notre engagement professionnel,
à ne fournir aucune liste !
Au travailleurs sociaux du Département :
Reconnectons-nous à l’éthique fondatrice de nos professions (ICI)
Défendons notre secret professionnel qui protège les populations, qui doivent nous faire appel en toute confiance.
Avec les gens que nous rencontrons, continuons à accueillir, écouter, soutenir, accompagner pour respecter ce qu’exige de nous la définition du travail social : « vise à permettre l’accès des personnes à l’ensemble des droits fondamentaux, à faciliter leur inclusion sociale et à exercer une pleine citoyenneté. Dans un but d’émancipation, de l’accès à l’autonomie, de protection et de participation des personnes, le travail social contribue à promouvoir, par des approches individuelles et collectives, le changement social, le développement social et la cohésion de la société. Il participe au développement des capacités des personnes à agir pour elles-mêmes et dans leur environnement (…) Il se fonde sur la relation entre le professionnel du travail social et la personne accompagnée, dans le respect de la dignité de cette dernière (…) Le travail social s’exerce dans le cadre des principes de solidarité, de justice sociale et prend en considération la diversité des personnes bénéficiant d’un accompagnement social » – décret n°2017-877 du 6 mai 2017
Pour les capitalistes, la force de travail est traitée comme une marchandise. Elle n’a de valeur que si elle contribue à faire du profit. Et plus la valeur de la force de travail est faible, plus le profit est grand. Le marché d’échange de cette valeur, c’est le marché du travail. C’est sur ce marché que s’échange l’emploi. Comme à la criée, des propriétaires décident qui ils vont acheter. A ceux qui sont exclus de l’emploi, il faut malgré tout leur assurer un minimum de besoins afin qu’ils puissent constituer une main d’oeuvre corvéable de réserve, qu’ils participent à la consommation et qu’ils jouent le rôle d’épouvantail à ceux qui auraient des velléités de remise en cause de l’emploi.
Le traitement de cette marchandise humaine n’ayant aucune valeur directe pour le capital, c’est à l’Etat par l’impôt que la classe dominante productrice laisse le soin de « recycler » en main d’oeuvre pas chère et corvéable à merci. Elle va nourrir les besoins le marché de l’emploi nécessitant encore beaucoup de main d’oeuvre (travail vivant) (travailleur saisonniers, manutentions, caisses, services à la personnes, etc.). Ceux que l’on nomme maintenant plus généralement comme les premierEs de corvées.
Le rôle du département est donc de recycler au mieux cette force de travail, au moindre coût. Le problème pour le capital est qu’il y en a qui soit refuse ce jeu de dupe, soit sont tellement anéanti que le recyclage est long voire plus possible. C’est ceux-là que la classe dominante veut se débarrasser. Comment ? En formant des bons soldats pour la guerre aux improductifs de la valeur capitaliste. C’est la raison pour laquelle la classe dominante met tout en oeuvre pour que ce soit la classe prolétaire qui mène cette chasse (directement ou indirectement) en utilisant la peur de perdre nos moyens de subsistance alors que ce sont eux qui s’accaparent la totalité ou presque du gâteau. Gâteau qui est fabriqué par les prolétaires.
Merci donc à SUD et aux travailleurs sociaux conscients de cette exploitation de nous ouvrir les yeux sur ces mécanismes. En espérant que cela contribue à ouvrir les yeux aux bons soldats. A ceux-là, je leur dis que ce sont les bottes qu’ils lèchent qui les écraseront les premiers.
C’est nous qui produisons la valeur. Pas le capital. Et la pire misère qui soit c’est de servir ceux qui nous exploitent.