Le procès de Châteauroux, c’est le procès des choix politiques du Département du Nord
De mars à juin, nous étions nombreux et nombreuses à nous rassembler et nous mobiliser pour dénoncer l’état toujours plus dégradé de nos services et nos missions de prévention et de protection de l’enfance.
Nous n’étions pas seulEs. Les magistrats, Juges des Enfants et du Parquet des Mineurs étaient à nos côtés, tout comme le comité de vigilance des enfants placés.
Face à cela, l’exécutif du département a opposé silence et mépris. Et ce silence et ce mépris continuent !
Ils ont fait de votre désespoir, mais aussi de votre conviction acharnée un non évènement. La violence, c’est dans leurs postures, leurs décisions, qu’on la trouve !!
Rien n’a changé et la situation s’aggrave tous les jours, même si les travailleurs sociaux aujourd’hui ne crient plus sous les fenêtre du président et que le contexte est donc beaucoup plus confortable pour eux.
Rien n’a changé et l’actualité récente amène les médias à remettre la lumière sur le désastre q’ils et elles ont provoqué.
Dans 10 jours, se tiendra un procès en correctionnelle à Châteauroux qui met gravement en cause le Département du Nord.
Nous ne rentrerons pas ici, dans le détail de l’affaire, nous ne connaissons pas tous les ressorts du dossier judiciaire. Mais ce que nous pouvons affirmer, c’est qu’aucun politique ou décideur n’est appelé à comparaître. Par contre, au moins un de nos collègues l’est, et devra répondre des dysfonctionnements majeurs mis en lumière par la justice.
Au nom de quoi ? Au nom de qui ? C’est d’ailleurs une réalité qui vient mettre par terre l’affirmation que les travailleurs sociaux ne cessent d’entendre « ne vous inquiétez pas s’il y a des défaillances, c’est le président qui devra en répondre ». C’est faux, la preuve ! C’est d’ailleurs peut-être aussi pour cette raison qu’ils se sentent si peu concernés.
Dans la Voix du Nord et sur le plateau de France 3 samedi 28 septembre, Jean René Lecerf se dit lui-même victime de son administration. Il se défausse sur les agents. Il parle d’« omerta » et le comble : il déclare n’ être « ni coupable, ni responsable ». Voir ICI
Il dit avoir pris les dispositions nécessaires quand il a été informé par la justice, c’est-à-dire avoir sanctionné la directrice de la DEF.
Il précise d’ailleurs « pour que ça fonctionne, il faut une direction dirigée de manière exemplaire ». Une directrice qu’il dit être allé lui-même chercher ! La même que Christian POIRET a limogée en début d’année !
Alors c’est vraiment ça la solution ?
Ce ne sont pas du tout, les moyens alloués, des travailleurs sociaux de terrain, outillés, formés, engagés et en nombre suffisant, etc. Non, pour lui, il faut juste une « direction exemplaire ». Vous apprécierez certainement la considération dont vous faites l’objet de la part de l’exécutif départemental.
L’affaire de Châteauroux, c’est le procès du département !
C’est le procès de leurs décisions politiques ! C’est le procès de leurs choix financiers !
Dans cette affaire, le département a gravement mis en danger, entre 2013 et 2017, des adolescents qu’il avait la mission de protéger.
On le sait tous et toutes… Le département met, encore aujourd’hui, gravement en danger de très nombreux enfants.
Il les maltraite ! Placements dans des structures hôtelières, placements dans des familles d’accueil en sur effectif, ballottage de jeunes enfants, de structures en structures, de lits en lits… voir, pas de placement du tout !
Toujours sur France 3, samedi soir, l’ex-président Jean René Lecerf, tout en affirmant qu’il s’agissait « d’un vieux procès », a reconnu enfin avoir supprimé 700 places en foyer.
L’engagement de recréer 450 places en foyer et famille d’accueil en 2022 suite à nos mobilisations des n’a absolument pas été tenu, puisque 170 places seulement l’ont été de l’aveu même de Marie Tonnerre, vice-présidente chargée de l’enfance.
Par conséquent, et alors que le nombre d’enfants à protéger augmente, la re-création des places récentes ne comble même pas le nombre de places qu’ils ont détruit. Et ils ne pourront plus très longtemps se retrancher derrière la com’ des 66 lits créés en micro-MECS dans les logements de fonction de collèges.
Le département met encore aujourd’hui gravement en danger des enfants.
Il n’assure plus ses missions de prévention. En polyvalence de secteur en SSP et en PMI, vous ne pouvez plus proposer aux familles de solution : Plus ou presque plus d’accueils provisoires, plus ou presque plus d’interventions éducatives à domicile, les enveloppes d’allocations mensuelles d’aide sociale à l’enfance sont vidées année après année… sur bon nombre de maisons nord solidarité il ne reste déjà plus rien pour finir l’année.
Et tout ça, c’est au mépris de la loi, du Code de l’Action Sociale et des Familles ! (art L222-2). Alors même que les populations sont invitées à se rendre dans les MNS, à grand renfort de pub, où elles pourront y être aidées, quelle mascarade !
Les équipes sur le terrain sont exsangues. Et il ne suffit plus de se retrancher derrière leur joker. « manque d’ attractivité » comme si l’exécutif départemental n’en était pas responsable. Comme s’il s’agissait d’un phénomène naturel qui leur tombe sur le coin de la figure.
Et les collègues qui sont recrutés, qui prennent leur poste, et qui ne restent pas plus de six mois pour fuir des conditions de travail insoutenables, c’est quoi la cause selon eux ?
Christian POIRET, qui était lui aussi à la manœuvre dans la suppression de moyens considérables entre 2016 et 2018 se vante sur les réseaux sociaux, que des conseillers départementaux de son bord politique, ses amis, soient au gouvernement.
Comme Paul Christophe, devenu ministre des solidarités, de l’autonomie et de l’égalité entre les femmes et les hommes… à ce titre il est ministre de tutelle de l’Enfance !
Ce monsieur connaît bien l’état de la protection de l’enfance dans le Nord, puisqu’il a conduit la mission d’information et d’évaluation en 2019 sur les dysfonctionnements.
S’il ne fait rien, il le fera en connaissance de cause. Il lui sera donc difficile d’affirmer qu’il ne sera ni coupable ni responsable.
Maintenant qu’il est évident et limpide que les politiques publiques menées localement et nationalement sont les mêmes, comment vont-ils faire pour continuer à se défausser sur l’État ?!
Ils font en sorte de nier la réalité désastreuse de la prévention et protection de l’enfance. État qu’ils ont en partie créée en supprimant des moyens indispensables.
De notre côté et avec vous, nous avons tenté de faire éclater la bulle cognitive dans laquelle ils s’enferrent, par tous les moyens à notre disposition. Rien n’y a fait et rien n’y fait !
Aujourd’hui, nous comptons sur le rapport du Défenseur des Droits, dont Christian Poiret a bien du mal à prononcer le nom et dont il a oublié qu’une délégation était venue dans le nord, rencontrer sa haute administration. C’est dire le sérieux avec lequel il aborde la question !
Nous comptons aussi sur la remise en place de la commission d’enquête parlementaire à l’Assemblée nationale, durant laquelle nous demanderons à ce que Christian POIRET soit auditionné sous serment comme nous vous l’avons déjà dit. Et puisqu’il regrette que le défenseur des droits ne l’ait pas entendu en direct, il pourra s’expliquer !
Nous, militants et militantes du syndicat SUD, nous, travailleurs sociaux et représentants et représentantes de nos collègues, ne désarmons pas !
Nous continuerons à dénoncer les dysfonctionnements que Christian Poiret et son exécutif départemental génèrent par leurs positions politiques insupportables et irresponsables.
Nous continuerons à vous accompagner sur le terrain, à vous soutenir et construire avec vous, le rapport de force qui les fera plier !
Ils ont mis la main sur notre service public départemental pour le démanteler.
Ils ne conçoivent les missions de service public, et plus particulièrement celles de prévention et de protection de l’enfance, que comme un coût financier. Jamais ils n’évaluent le coût humain provoqué par leurs décisions.
Le département ne joue plus son rôle de protection à l’égard de cette enfance en danger qui nous est confiée. Au contraire, il aggrave la situation.
Pour nous, c’est insupportable, et cela doit cesser. Nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour qu’un jour les vrais responsables en répondent.